La Tour Eiffel, le Palais des Papes, le Mont Saint-Michel ou encore le lac d’Annecy le 19 juillet… Tous les sites emblématiques de France et même bien au-delà sont parcourus par Nathan Paulin. Le highliner haut-savoyard de 28 ans raconte à 20 Minutes comment il s’est construit une vie professionnelle inattendue enchaînant les exploits en (très) haute altitude à son harnais.
Quiconque se souvient d’une fois « vraiment paniqué » lors de l’attaque des tours de 1 000 pieds de haut de la ville de Moscou en 2019 se souvient de son parcours vertigineux, symbolisé par son récent record du monde de la plus longue traversée sur une slackline. Le 24 mai dernier, ce funambule des temps modernes a parcouru les 2 200 m entre une grue (à 114 m au-dessus du sol) et le Mont Saint-Michel dans un projet fou qui a mobilisé 35 personnes.
Quel souvenir gardez-vous de vos premiers pas sur une slackline ?

Un ami de mon frère me l’a montré en 2011. Comme je m’ennuyais au Reposoir (Haute-Savoie) pendant l’été, j’ai pris une sangle dans le garage de mes parents et je l’ai accrochée entre deux arbres du jardin. Comme tout le monde, je tremblais sur de courtes distances. J’ai commencé à ne faire presque rien de plus que ça pendant mon temps libre. Je peux être très distrait et j’étais totalement accro à la slackline. J’ai rapidement attrapé le virus et j’ai commencé à essayer des distances de plus en plus longues, augmentant la difficulté et trouvant cet état de concentration intense. Mais je ne savais pas du tout que cela allait changer ma vie.
Avec le recul, pensez-vous que vous aviez des prédispositions pour cette pratique ?
J’étais assez sportif, je courais beaucoup en montagne. Mais je pense que si vous pouvez vous débrouiller seul, vous deviendrez rapidement bon en slackline. Je me suis perfectionné en quelques semaines car la principale chose que je ressentais était quelque chose d’addictif : je devais passer beaucoup de temps sur le harnais. J’ai beaucoup aimé l’état dans lequel j’étais lors de la pratique, alors je l’ai pratiqué tous les jours et par tous les temps, même dans la neige la nuit. Je me suis même demandé ce que je pouvais faire avant ça, ça avait pris tellement de place dans ma vie. Et puis, grâce à Internet, je suis entré en contact avec les Flying Frenchies, qui ont été les pionniers de cette discipline très collaborative en France. En seulement trois mois je suis passé d’une pratique en solo au ras du sol à ma première fois dans le vide avec eux au sommet de la falaise des Trois Pucelles au-dessus de Grenoble. J’avais soudain plus d’une centaine de mètres sous moi…
Basculer vers la highline, ça a été d’emblée comme une révélation pour vous ?

Non, cette première traversée a été une grosse claque. Je me suis dit que ce n’était pas du tout fait pour moi (sourire). Cela me faisait peur et je n’avais aucun intérêt à me faire peur. Je n’avais pas la bonne technique pour le départ assis et je suis tombé tout de suite. C’était beaucoup plus difficile que sur le terrain, ça n’avait rien à voir avec ça.
Pourquoi et comment vous êtes-vous alors accroché malgré tout à la highline ?

J’ai continué au sol, puis j’ai tranquillement recommencé dans le vide. Pour lutter contre cette peur du vide, j’ai commencé à écouter de la musique, notamment du pop-rock, ce qui m’a beaucoup aidé. Quand je suis en ligne, je suis plus sensible à la musique. Ça m’a mis dans une bulle, en confiance, et je me suis senti moins vide comme ça. A chaque fois je me disais : « Qu’est-ce que je fous ici ? mais je revenais presque tous les week-ends. C’est un peu comme apprendre à marcher quand on était bébé. Nous tombons et nous blessons. C’est assez intense, ça demande beaucoup de force et de détermination. Mais une fois qu’on sait faire du highline, ça devient doux et on peut s’entraîner longtemps.
Comment avez-vous pu envisager faire de votre passion, alors extrêmement confidentielle en France, un métier ?

J’ai terminé un DUT de génie mécanique en 2014 et j’ai été invité à un festival highline en Iran pendant deux semaines. Quitte à y aller, j’ai décidé de prendre un congé sabbatique chez Slack. A l’issue de ce congé sabbatique en 2015, on m’a proposé un poste dans un atelier de décolletage en Haute-Savoie. Mais quelques jours avant de commencer ce premier boulot, un gars m’a proposé 300 euros par mois pour aller à des événements de slackline. Ce fut mon plus grand saut dans le vide et je suis très heureuse qu’avec le soutien de ma mère, j’aie pris la décision de refuser ce poste de tourneuse. En juin 2015, j’ai battu pour la première fois le record du monde du vide de 403m à la Réunion, et c’était parti. Puis, en décembre 2017, le raccordement du Trocadéro à la Tour Eiffel (670m de long) m’a vraiment révélé dans les médias, même si le projet est tombé en même temps que Johnny Hallyday (sourire) est mort.
Selon vous, pourquoi êtes-vous aujourd’hui le seul highlineur professionnel en France ?
Un peu de multitâche m’a aidé et m’a distingué des autres. J’ai toujours été pragmatique et ingénieux. Lorsque vous devez mettre votre vie sur une corde, il faut beaucoup de confiance pour s’installer. Un permis officiel doit également être obtenu avant chaque traversée. J’ai pris l’habitude d’arriver avec un dossier super clean tech et un discours rassurant pour les convaincre. Je passe une bonne moitié de mon temps professionnel à construire des installations parfois complexes, comme le Mont Saint-Michel à 2 200 m d’altitude, qui m’a pris six mois à plein temps. Je pense que je gère mieux la pression que les autres, par exemple quand il faut sauter de la Tour Eiffel en direct pour être avec la foule.
A quel point vos sensations peuvent-elles justement fluctuer une fois que vous vous élancez sur la sangle ?
Mes sentiments sont liés aux projets. Je ne ressentirai pas ça quand je ferai mon record de passage au Mont Saint-Michel où je testerai mes limites de concentration pendant 2h les bras levés, ou quand je courrai 30m dans un théâtre pour aller à un spectacle. Je recherche avant tout la perfection du mouvement et la transmission de quelque chose de beau. Aujourd’hui je suis beaucoup plus détendu sur mes traversées, même si mes premiers pas sont toujours un peu difficiles. Je me retrouve alors dans une sensation de liberté, de bien-être, de maîtrise de ce que je sais faire. Quand je fais de très longues files, c’est un peu comme être en transe, tous les mouvements sont automatiques. Je peux aussi jouer avec la laisse, m’asseoir ou m’allonger dessus pour avoir différentes sensations.
Après une dizaine d’années de highline, l’adrénaline d’une traversée dans le vide peut-elle parfois laisser quasiment place à de la routine, même dans une discipline aussi extrême ?
Oui, il peut y avoir une certaine forme de routine. Certains projets peuvent donner aux téléspectateurs encore plus d’adrénaline que moi. Et puis je dois contrôler toutes les poussées d’adrénaline. Parce que même s’il peut être momentanément positif d’être ultra-alerte avec tout ce qui est en jeu, être alimenté en adrénaline pendant 2 heures n’est pas durable. Aujourd’hui, grâce à l’apport de la slackline, je peux affronter les situations de la vie en général avec beaucoup plus de sérénité.
N’est-il pas difficile parfois de redescendre de votre sangle, où vous vous sentez « libre », pour retrouver la vraie vie ?
Oui, ça peut encore m’arriver quand je vis une expérience très intense. Il y a toujours une forme de blues après. Mais je fais tellement de projets inattendus que je suis consciente de ce que le slackline m’a apporté dans mon quotidien. Avant elle, j’avais traversé des moments durant mes études où je ne me sentais vraiment pas bien. J’étais stressé et sujet à la dépression. Je fais quelque chose là-bas que j’aime vraiment et je suis sûr que j’en profiterai encore dans deux ans.
Dès votre record au Mont Saint-Michel, vous avez par exemple annoncé rêver d’une traversée entre la Tour Eiffel et la Tour Montparnasse, soit 2,7 km de longueur…
Certes, mais il n’y a pas encore de date précise, et ce ne sera pas avant 2023 ou 2024. En tout cas, grâce à la Highline, je suis déjà allé 12 fois en Chine et je n’aurais jamais pensé qu’un jour je me retrouverais à l’affiche d’un spectacle joué au Théâtre National de Chaillot (Paris 16e).
Que vous apporte justement ce projet « Corps extrêmes » de Rachid Ouramdane, qui tournera dans les prochains mois à Lyon, Bruxelles, Londres, Madrid… ?
C’est un ballet aérien qui réunit acrobates et athlètes, en s’appuyant sur des témoignages. Cela me permet de rendre ma pratique compréhensible pour les téléspectateurs, cassant l’image « folle au top » qu’ils ont parfois de moi. Partager une performance avec d’autres artistes est super intéressant.
Que représente pour vous, le Haut-Savoyard, ce prochain projet inédit du 19 juillet, avec 800 m de slackline, à 50 m au-dessus du lac d’Annecy ?
Ce sera fort car c’est la traversée que j’ai faite sur mon vélo pour filer de mon appartement de fac au parc où j’avais installé ma slackline au ras du sol à l’époque. Le Théâtre Bonlieu organise cette soirée dans le cadre du Festival Annecy Paysages, et ce sera une soirée poétique.
Alors que le grand public voit la highline comme un sport en tout point dingue, votre sérénité est-elle toujours totale ?
Non, et c’est ce qui peut me fatiguer le plus dans ma pratique. Je sais que je mets ma vie en danger à chaque nouveau projet, il y a divers problèmes de sécurité, ça me donne toujours matière à réflexion et c’est un peu épuisant au quotidien de devoir toujours tout maîtriser tel qu’il est. Dans la plupart des autres emplois, les gens peuvent perdre de l’argent ou être licenciés si les choses tournent mal. Moi, une fois qu’il y a une panne, je suis mort, il n’y a vraiment pas d’alternative…
Quels sont les objectifs du projet d’aménagement ?
favoriser le développement économique, facteur d’attractivité ; favoriser la mixité sociale et fonctionnelle du secteur ; améliorer la qualité environnementale du quartier ; Travailler pour améliorer la santé des résidents.
Qu’est-ce qu’un projet de développement ? Un projet stratégique de développement a un horizon temporel et définit la programmation des opérations futures au-delà de sa durée de validité légale ou au-delà. Ce type de projet de développement se distingue des projets qualifiés d’opérationnels.
Quelle est la particularité du Mont-saint-michel ?
Le Mont-Saint-Michel a la particularité d’être bâti sur un îlot rocheux entouré d’une magnifique baie, théâtre des plus hautes marées d’Europe continentale. La montagne et sa baie ont été déclarées site du patrimoine mondial par l’UNESCO.
Pourquoi le Mont-Saint-Michel est-il un site touristique majeur ? Un lieu chargé d’histoire Construit au VIIIe siècle, le Mont-Saint-Michel fascine par son architecture et attire de nombreux pèlerins. Depuis sa création, le Mont-Saint-Michel fascine les visiteurs par son caractère religieux très fort. « Les pèlerins sont venus au Mont-Saint-Michel en premier, c’est un lieu très spirituel ».